23 migrants morts au point de passage vers l’UE de Melilla
AFP
Imprimer
6/26/2022 6:09:15 PM - Publié par webmaster@ekilafrica.com  


Vingt-trois migrants ont péri à Melilla, en tentant de passer en force en Europe et plusieurs dizaines ont été blessés samedi. Voici quelques clés de compréhension sur ce bout de territoire espagnol au Maroc et sur le passage de cette frontière extérieure de l’UE, à travers trois questions essentielles.
Pourquoi les villes de Melilla et Ceuta sont-elles espagnoles ?

Ceuta (20 kilomètres carrés) et Melilla (12 kilomètres carrés) sont deux villes situées à l’extrême nord géographique du Maroc. Au cours de l’histoire, la possession de ces territoires a connu des destins divers (dominations romaine, musulmane, espagnole ou portugaise notamment). Ces deux enclaves sont revendiquées depuis 1956 par le Maroc.

Le 11 mai dernier, l’Espagne et le Maroc se sont mis d’accord pour la réouverture des frontières (fermées pour cause de pandémie) entre les enclaves de Ceuta et Melilla et le nord du Maroc. Cet accord marquait la fin d’une crise diplomatique entre les deux pays.

Comment est géré le passage des frontières ?

Afin d’empêcher l’immigration illégale, à partir de 1998, l’Espagne a commencé à construire des barrières pour contrôler le passage entre le territoire espagnol et le Maroc. Cela a partiellement été financé par l’Union européenne. Frontex (l’agence européenne de protection des frontières extérieures) supervise les moyens mis en œuvre sur place.

Ces barrières sont composées de clôtures parallèles surmontées par des barbelés. Il y a des postes de surveillance le long de ces barrières, d’une hauteur de 6 mètres à certains endroits. Des projecteurs de forte puissance, des radars et des caméras de surveillance à infrarouge complètent l’équipement.

Le Maroc considère encore toujours que Ceuta et Melilla font partie de son territoire, et il a émis des objections à la construction de ces barrières. Il y a des points de passage (très contrôlés) pour les personnes autorisées à circuler.

Depuis la réouverture des frontières, l’accès aux deux territoires est limité aux détenteurs de passeports et de visa de la zone Schengen, auxquels s’ajoutent les Marocains qui travaillent régulièrement dans les enclaves. En plus, chaque jour une quarantaine de personnes qui ne sont pas en règle sont admises afin de demander un visa à l’administration espagnole.

Le contrôle de la frontière est effectué conjointement par les autorités espagnoles et marocaines. Samedi, suite au drame de Melilla où il y a eu au moins 23 morts, le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a salué le travail de la gendarmerie marocaine qui avait travaillé en coordination avec les forces de sécurité de son pays. Il a dénoncé les "mafias" qui se livrent au trafic d’êtres humains et a réclamé une enquête.

Y a-t-il un afflux de candidats migrants tentant de passer par Melilla et Ceuta ?

Vendredi, plus de 400 migrants ont tenté d’entrer massivement dans l’enclave de Melilla. C’était la première tentative de ce type depuis la normalisation des relations entre Madrid et Rabat. Mais déjà début mars 2022 il y avait déjà eu plusieurs essais, dont la plus importante jamais enregistrée à ce point de passage : quelque 500 migrants étaient parvenus à passer sur un total de 2500.

En 2021, dans la nuit du 16 au 17 mai, 8000 à 9000 migrants (dont au moins 2000 mineurs non accompagnés) ont traversé à la nage ou à pied la frontière entre le Maroc et Ceuta. Il y avait eu au moins deux morts.

Beaucoup de ceux qui parviennent à passer sur le territoire espagnol deviennent clandestins. Selon le droit espagnol, les migrants adultes entrés illégalement via Ceuta ou Melilla peuvent être expulsés selon une procédure rapide. Par contre, les mineurs doivent être pris en charge par l’État espagnol.

Imprimer

 


  © Ekilafrica