- Vous avez dit « racisme » ? Mais non, ce n’est pas du racisme ! Notre pays n’est pas raciste, et nous en avons marre de cette victimisation. C’est pour ça que nous mettons en exergue, comme nous le pouvons, le racisme anti-Blanc.
Voilà le genre de discours que l’on entend presque à tous les niveaux dans cette belle France, cette douce France, terre de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. C’est aussi le pays des Droits de l’Homme. Alors, comment peut-on imaginer un seul instant qu’il y ait du racisme dans ce pays exemplaire ?
Ceci avait un sens pour les mal informés, il y a quelques mois. Quand on parlait racisme, les références étaient la ségrégation raciale aux Etats-Unis, l’apartheid en Afrique du Sud et, quelquefois, les Nazis, l’Allemagne hitlérienne. Mais, depuis que ce Noir américain, George Floyd, est mort étouffé en mondiovision par la police raciste américaine, la France a commencé à réagir différemment. Des événements similaires, qui se sont passés et qui se passent encore en France, ont révélé et mis à nu le même racisme par des éléments de forces de l’ordre françaises, police et gendarmerie. Il n’est pas besoin de citer des noms, ils sont nombreux, si nombreux, comme ce dernier Noir producteur de musique, agressé par des policiers devant et dans son local professionnel.
Mercredi dernier, un match de football opposait l’équipe du Paris St Germain à une équipe turque, à Paris. Le quatrième arbitre a traité de « Negro » l’entraîneur adjoint de l’équipe turque. Il s’agit de M. Webbo, un ancien international camerounais, donc un Noir. Pour la première fois dans l’histoire du football mondial, les deux équipes ont arrêté le match, les vingt-deux joueurs sont rentrés dans les vestiaires afin de protester contre ces injures racistes.
Tout ceci, vous le savez sans doute déjà, mais il est essentiel de rappeler que ces pratiques sont devenues monnaie courante dans les stades de football européens. Les footballeurs africains dans les championnats nationaux et dans les matchs internationaux en Europe subissent des agressions racistes : des cris de singe, des bananes balancées sur le terrain de foot par les supporters, des injures racistes font partie de leur lot. Aucune mesure sérieuse n’a jamais été prise, comme ce fut le cas avec les Hooligans. C’est tout au contraire minimisé. Il y a même un déni officiel du racisme dans le football français, c’est une déclaration du président de la Ligue de football française il n’y a pas si longtemps.
Pendant les différents commentaires, des journalistes et de certains officiels, au cours de la crise de ce match interrompu, l’expression « arbitre présumé raciste » avait cours pour parler de cet arbitre manifestement raciste. Certains officiels envisageaient de mettre en place des commissions pour voir s’il était vraiment raciste.
Pour beaucoup de Noirs qui n’ont pas la mémoire courte, ce racisme apparemment latent est une réalité quotidienne. Sur les terrains de sport, sur les lieux de travail, bref, dans la vie quotidienne, un grand pourcentage de Noirs subit le racisme. Il devient tellement banal, ce qui est inquiétant, que beaucoup semblent le trouver normal. Ceci a des antécédents. Tenez ! On n’a parlé de l’apartheid qu’en Afrique du Sud et, pourtant, il a bel et bien régné dans l’ensemble des colonies françaises. Les Noirs et les Blancs n’habitaient pas les mêmes quartiers. Les indigènes,comme on les appelait, qui étaient pourtant les autochtones, n’avaient droit qu’à des emplois subalternes et ne fréquentaient pas les mêmes écoles ni les mêmes hôpitaux que les colons. A bien y regarder, ce système a presque été importé en Métropole. Ne suffit-il pas de regarder certains quartiers, certaines écoles, certaines professions ?
Même au niveau du gouvernement, il existe bel et bien, ce racisme. Il suffit de se souvenir comment sont traités tous les ministres noirs et arabes dans les différents gouvernements français. Rama Yade, Sibeth Ndiaye, Christiane Taubira et même la députée Danièle Obono en ont fait les frais. Madame Taubira a même été traitée de « singe » et de « guenon »… Il n’y a eu aucune poursuite.
C’est à se demander si le racisme en France n’est pas savamment entretenu par un certain système. Ne faudra-t-il pas une action comme celle des vingt-deux joueurs mercredi dernier au Parc des Princes pour dire stop au racisme, pas seulement dans le sport, mais en politique, à la télévision, en interdisant des émissions comme celle d’Eric Zemmour ?
François Zo’omevele Effa
vendredi 11 décembre 2020