France: Début de la guerre des nerfs entre Emmanuel Macron et l’opposition
AFP

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Emmanuel Macron, qui ne bénéficie pas de la majorité au Parlement, veut savoir jusqu’où les partis de l’opposition «sont prêts à aller» pour «bâtir des compromis».

L’opposition a renvoyé jeudi la balle dans le camp d’Emmanuel Macron, refusant l’idée d’un gouvernement de coalition, tout en souhaitant redonner au Parlement tout son rôle dans l’examen de textes «au cas par cas».

«C’est lui qui est au pied du mur, pas nous (…) S’il reste sur son projet, il n’a pas de majorité absolue, et c’est lui qui est coincé, c’est lui qui va bloquer la France», a résumé la députée Nupes-PS Valérie Rabault. Avant de s’envoler jeudi pour un sommet européen à Bruxelles, le chef de l’État, qui n’a obtenu qu’une majorité relative, avait écarté mercredi soir devant 15,5 millions de téléspectateurs l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, testée auprès de certains dirigeants de partis.

Emmanuel Macron a aussi demandé à la coalition de gauche Nupes, au Rassemblement national et aux Républicains de «dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller» pour «bâtir des compromis»: «entrer dans une coalition de gouvernement et d’action (ou) s’engager à voter simplement certains textes, notre budget».

Pas d’ultimatum

Alors qu’il avait réclamé une réponse à courte échéance, à son retour de Bruxelles vendredi après-midi, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a assuré qu’il n’avait «pas fixé un ultimatum de 48 heures».

La première ministre Élisabeth Borne s’est dite «très confiante qu’on puisse trouver des députés pour voter des textes parce qu’on a intégré leurs propositions» sur LCI. «Personne n’a le monopole des bonnes idées. Le dialogue, l’écoute permettent d’améliorer les bons projets. Il faut que ce soit une chance pour la France», a-t-elle ajouté.

La Nupes veut, elle, «des choses très concrètes», par exemple voir dans le projet d’Emmanuel Macron le Smic à 1500 euros, tandis que le député Nupes-EELV Julien Bayou promet des propositions sur l’écologie de la part de la gauche unie.

«Chèque en blanc»

À droite, LR «refuse» tout contrat de coalition qui effacerait les «convictions» politiques de chacun. «Donc ce sera pour nous le cas par cas» sur le vote de textes au Parlement, a répété le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau.

Les Républicains comptent eux-mêmes proposer des mesures la semaine prochaine, a rappelé le nouveau chef de file de leur groupe Olivier Marleix, qui refuse de faire un «chèque en blanc», au chef de l’État. Marine Le Pen, élue par acclamation car seule candidate jeudi à la tête d’un groupe RN fort de 89 députés, a promis que ceux-ci «examiner(aient) les textes à la lumière de l’intérêt des Français et de la France».

Mais dans les rangs macronistes, on ne désespère pas de pouvoir parvenir à un élargissement de la majorité. Élisabeth Borne a commencé jeudi à s’entretenir avec les présidents des groupes parlementaires fraîchement élus au Palais Bourbon.

Les discussions se poursuivent vendredi. En attendant, elle a assuré ne pas se poser de questions sur son avenir à Matignon, alors que plusieurs figures de l’opposition ont réclamé sa démission. Interrogée sur LCI si elle allait engager sa responsabilité le 5 juillet lors de la Déclaration de politique générale, elle a dit qu’elle n’avait «pas tranché ce point» encore.

«Nouveaux accidents» électoraux

Proche d’Édouard Philippe et membre fondateur d’Horizons, Gilles Boyer a confirmé que le parti allié à la majorité continuait d’essayer de constituer une «coalition» avec certains LR, PS ou EELV, c’est-à-dire «identifier les grandes réformes sur lesquelles nous pourrions trouver des points d’accord et ensuite bâtir un accord de gouvernement», prédisant «plusieurs jours, semaines voire quelques mois de discussions» pour y parvenir.

Mais «l’idée qu’il suffit de recréer une majorité qui n’a pas été donnée par les électeurs» pour «continuer le business as usual» (ndlr: les affaires comme d’habitude) n’est pas possible, a mis en garde François Bayrou (MoDem), autre allié macroniste, en pointant le risque «de nouveaux accidents» électoraux.

Le «dialogue» avec l’opposition est «enclenché» pour «plusieurs jours, peut-être même plusieurs semaines», a assuré la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, en précisant que le chef de l’État «reverra possiblement les présidents des forces politiques et échangera avec eux en étant à l’écoute».

vendredi 24 juin 2022

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